Extrait
En face de moi, un homme me fixe, pensant probablement que mon regard pensif lui est destiné. L’ensemble de son visage luit. Il s’approche, sourit, me parle sans doute.
Je pense que, forcément, avec les gens qui transpirent autant, on est moins indulgent, que cette sécrétion a quelque chose d’obscène.
Peut-être ai-je pensé à voix haute. Il est parti en me disant que je n’étais pas aimable, que je ne m’étais pas regardée.
Il a raison. Je ne me regarde que distraitement, quand je me lave les dents, par exemple. Je crois que mon visage parait moins circulaire et moins linéaire qu’avant. Davantage d’angles, de creux, moins de rebondi, de bombé. Une partie de ma chair semble avoir été aspirée de l’intérieur. Mon visage n‘est plus que l’empreinte de lui-même.