Extrait

Publié le par mina

   En face de moi, un homme me fixe, pensant probablement que mon regard pensif lui est destiné. L’ensemble de son visage luit. Il s’approche, sourit, me parle sans doute.

  Je pense que, forcément, avec les gens qui transpirent autant, on est moins indulgent, que cette sécrétion a quelque chose d’obscène.

 

  Peut-être ai-je pensé à voix haute. Il est parti en me disant que je n’étais pas aimable, que je ne m’étais pas regardée.

 

  Il a raison. Je ne me regarde que distraitement, quand je me lave les dents, par exemple. Je crois que mon visage parait moins circulaire et moins linéaire qu’avant. Davantage d’angles, de creux, moins de rebondi, de bombé. Une partie de ma chair semble avoir été aspirée de l’intérieur. Mon visage n‘est plus que l’empreinte de lui-même.

 

Publié dans textes et cris

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P
Il y a longtemps que je n'avais pas lu un si beau texte.<br />
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M
Tu me fais très plaisir, parce que ce texte est extrait de mon "roman" (quel mot prétentieux) inachevé.  Le dernier mot étant le plus important de la phrase.
C
C'est très étrange de se regarder dans une glace et de ne pas se reconnaître. En fait, ça fait peur.
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B
Le visage étant le reflet de l'âme, j'espère que tu ne sens pas ton âme elle aussi aspirée de l'intérieur...cela doit être assez désagréable
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M
Tout cela est subjectif. Je vais essayer d'être objective (comme le fut Michel Leiris dans un autoportrait fracassant)
J
le visage comme une piste de ski...la pente est rude et la glace me gèle...l'empreinte du temps...
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M
Chaque marque a une histoire. Je vais en parler.
M
Moi je marche en me brossant les dents, mon visage n'est plus circulaire depuis que j'ai un an, j'ai bien transpiré au squash à midi, mais l'empreinte de moi-même reste bien cachée à l'intérieur.<br /> <br /> M.
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M
Toi, tu es cartésien. La sueur d'effort est belle, la sueur de peur ...C'est autre chose.